« Le monde a plus besoin de sociétés de pensée que de think tanks techniques ». Entretien avec Loïc Tribot La Spière, directeur du CEPS

Propos recueillis par Michel Taube, Fonateur de l’Opinion Internationale
 
A la tête du Centre d’Etude et de Prospective Stratégique (CEPS), vous vous dites une société de pensée plus qu’un think tank. Quelle en est la différence ?
Un think tank est un laboratoire de pensée qui fédère des spécialistes pour répondre en général à des questions techniques. Une société de pensée, c’est un groupe humain, une fédération de talents divers, qui essaie d’apporter une contribution sur des sujets techniques sous des prismes de compréhension divers avec toujours un éclairage humain. Le CEPS s’inscrit résolument dans cette logique. C’est un organisme qui fédère aujourd’hui plus de 1 000 décideurs, représentant 50 nations, d’horizons socio-professionnels très larges. Son point fédérateur : libérer les énergies et éviter le diktat politico-administratif, le regard des « sachants professionnels ». Nous sommes au service d’une pensée libérale et humaniste.
 
 
Au vu des élections présidentielles et du résultat « annoncé » des législatives, diriez-vous que les Français se sont-ils convertis au libéralisme ?
Oui et non.
 
La France a souhaité tout simplement sanctionner une élite politico-administrative, qui a toujours fait peser la responsabilité de la difficulté de la gouvernance de la France sur une grande partie des Français.
 
C’est donc une sanction à l’égard de professionnels qui, au fur et à mesure des années, n’ont pas voulu voir ou ont faiblement vu la réalité des choses, et qui, dans bien souvent des cas, par lâcheté, ou par incompétence, ont trouvé des bouc-émissaires : l’Europe, les entrepreneurs et ceux qui osaient.
 
C’est parce que la France a connu une telle période qu’elle a souhaité mettre un terme à la vie politique d’un certain nombre d’acteurs « aveuglés ». La France ne s’est pas convertie au libéralisme. Elle ressent tout simplement, face à un mur qu’elle sent venir et face à une forme de vie « hors-sol » des politiques, le besoin d’aller plus loin. La France est en période de mutation. Elle souhaite le changement parce qu’elle ne supporte plus de subir. Il faudra laisser le temps au temps pour voir si effectivement la France sera convaincue d’un schéma libéral.
 
Que pensez-vous de la décision du Président Trump de se retirer de l’Accord de Paris ?
Cette décision est à l’image du président des Etats-Unis d’Amérique. C’est étrange et de surcroît cela ne permettra pas de mettre en ordre de bataille toutes les entreprises américaines qui souhaitent relever le défi des énergies vertes. Cette décision est donc à l’image de ce décideur, qui a décidé d’être au service de lobbys économiques les plus forts. Elle traduit cette tentation qu’on a pu voir à certaines époques, emprunte parfois d’ambivalence : l’Amérique, vocation à l’universel et aux intérêts particuliers… Cette décision s’inscrit malheureusement dans cette période d’universalité limitée dont certains décideurs américains ont fait preuve parfois, mais qui ne traduit pas l’âme du peuple américain.
 
Comme tous les ans, vous organisez le 27 juin le dîner des œillets. Quelles sont les nouveautés et les enjeux de l’édition 2017 ?
La session 2017 du dîner des œillets s’incarne dans la durée et dans la fracture. Elle traduit parfaitement l’esprit du CEPS. C’est parce que le monde bouge que nous avons proposé le thème de notre dîner qui traduit parfaitement cet état d’esprit : « Faire du présent notre avenir ». Ce dîner a vocation à mobiliser. Les certitudes du matin ne sont pas celles du soir. Nous sommes dans un monde en perpétuelle évolution à tous niveaux.
 
Nouveauté de l’édition 2017, juste avant notre grande réception, se tiendra une rencontre d’échanges/débats sur des sujets de rupture publics/privés et la façon de pouvoir y répondre de manière cohérente dans un double intérêt, celui de la création économique mais fondamentalement aussi celui de la création de valeur au service de l’Homme.
 
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